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La vigne continue #2 avec Nicolas Glumineau
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La vigne continue #2 avec Nicolas Glumineau

Immersion dans l’appellation Pauillac, Château Pichon Longueville Comtesse de Lalande, au printemps 2020.

Mi-mars, la France a entamé une période de confinement, comment cela a-t-il impacté le fonctionnement de votre domaine ?

Seules quelques personnes assument leur activité en télé-travail.
La grande majorité de nos salariés travaillent à la vigne et au chai, en respectant des conditions de travail qui permettent d’éviter toute contamination, bien sûr. Pour les personnes qui auraient pu être placées en activité partielle, nous leur avons proposé une alternative : 1 ou 2 jours par semaine pendant lesquels assumer leur activité ordinaire ; le reste de la semaine, ces personnes rejoignent les vigneron(ne)s qui ont beaucoup de travail depuis le début du confinement, puisque la saison végétative a débuté.

Comment cela a-t-il modifié votre quotidien personnel ?

Demander au personnel de continuer de s’investir dans sa tâche quotidienne n’est pas sans générer un peu d’inquiétude et quelques réticences, dans le contexte inédit et anxiogène que nous vivons.
Ma place est indubitablement auprès de mes équipes. Je l'ai vécu comme une mission à accomplir. Il en va de l’unité de l’entreprise et de la confiance que les salariés peuvent placer dans leur hiérarchie ; une hiérarchie qui se veut bienveillante, mais qui doit continuer de diriger et guider.

Cette période vous amène-t-elle à repenser votre façon d’exercer votre métier ?

Cette période troublée nous amène à échanger plus, notamment entre équipes et services de natures différentes. Toujours plus de dialogues pour plus d’efficacité et d’entente : voici une leçon à tirer et à appliquer à l’avenir.

Beaucoup de personnes soulignent que la nature reprend ses droits et qu’ils « entendent à nouveaux les oiseaux chanter". Avez-vous remarqué des changements dans votre environnement ?

Les agriculteurs sont beaucoup plus respectueux de leur environnement, que certains voudraient le laisser entendre, car c’est leur lieu de vie et leur outil de travail. Gérer une exploitation viticole, c’est s’engager dans une démarche patrimoniale et sur le très long terme, que l’on soit propriétaire de l’exploitation ou salarié ; c’est donc avoir une conscience accrue des conséquences de chacun de nos gestes sur nos terroirs et, par extension, sur notre environnement et la Nature. L’occurrence de cette crise sanitaire n’est pas un révélateur d’une reprise du pouvoir par les Eléments et, si on croit plus entendre les oiseaux, c’est sûrement faute d’activité qui engendre moins de circulation de véhicules…
Nous y sommes peut-être plus attentifs, mais les oiseaux ont toujours autant chanté !

Est-ce que votre cru, ou vous-même, participez déjà à des actions solidaires ? Pour soutenir les soignants, les malades, par exemple.

Nous avons donné des combinaisons, des gants et autres matériels à des relations travaillant dans le secteur médical.

Pourriez-vous nous parler de votre millésime 2019 ?

Les années se suivent ... mais ne se ressemblent pas !

2019 aura été une année très ensoleillée et de grande sécheresse, cette dernière ayant débuté en juillet 2018. Avec la sécheresse, quelques inquiétudes surviennent : quel type de vin allons-nous faire ? Quel équilibre ? Quelques épisodes pluvieux mi-juillet, mi-août et début septembre ravivent notre vignoble, en même temps qu’ils ressuscitent notre enthousiasme. Nos vendanges s’échelonnent du 16 Septembre au 8 Octobre.

Dès le début des vinifications, les Merlots nous impressionnent par leur expression aromatique. Cèdre, tabac, mûre et framboise : le registre pauillacais par excellence ! L’attention particulière portée à l'entretien des sols et le développement croissant de la Biodynamie dans notre vignoble n’y sont pas étrangers. Rarement ils ont présenté cette complétude aromatique et structurelle.
Racés et élégants, les Cabernets francs se sont très bien adaptés aux conditions du millésime ; ce n’est pas le cas des Petits Verdots qui n’ont ni la richesse, ni leur impétuosité habituelles. Si nous comptons sur les premiers pour l’encépagement futur de notre vignoble, rien n’est moins sûr pour les seconds dans des conditions de changement climatique...
Les Cabernets-Sauvignons nous comblent ! Ils sont d’une exceptionnelle complexité et leur trame tannique nous subjugue tant elle est serrée, étirée et raffinée.

2019 n’est pas sans nous rappeler les millésimes 2016 ou 2010, peut-être 1989.
2009 et 2018 sont plus opulents, charnus, expressifs.
2010 et 2019 sont plus tendus, étirés et secrets ; il faut aller les chercher. Ils correspondent plus à mon goût personnel de consommateur.

Comment caractériseriez-vous ce dernier millésime, en 3-4 adjectifs ?

Vibrant, tendu, complet, grand

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